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Covid-19 : le syndrome de glissement, ou quand les personnes âgées isolées se laissent mourir
Dernière mise à jour : 6 juil. 2021

Laurent Frémont, secrétaire général du collectif Tenir ta main, explique à France 24 avoir reçu "plus de 8000 témoignages de personnes ayant eu un proche parti dans la solitude en raison des restrictions et privations de visites". "On a énormément de gens qui nous ont dit que leurs proches étaient en bonne santé, et qu'à partir du moment où ils se sont retrouvés dans une situation de solitude, ils étaient dans l'incompréhension, faisaient part d'un sentiment d'abandon, de délaissement, qui les a poussés à 'glisser' vers la mort", précise-t-il.
Face à la progression de la campagne de vaccination chez les plus âgés, le Conseil d'État a pris la décision, le 3 mars dernier, de suspendre l'interdiction de sortie des résidents en Ehpad. Mais les visites sont encore très limitées dans de nombreuses structures. "Il y a une grande hétérogénéité. Tout dépend du directeur de l'établissement et des médecins qui y officient", affirme Fabienne Tourres, gériatre travaillant à l'hôpital Paul-Brousse (Val-de-Marne) et dans un Ehpad à Antony (Hauts-de-Seine), contactée par France 24.
"Le droit de visite est reconnu dans la loi mais le pouvoir de police à l'intérieur des établissements de santé est laissé à la libre appréciation des directeurs", relève pour sa part Laurent Frémont. "Certains d'entre eux ont abusé de leurs prérogatives en instaurant des restrictions trop strictes voire des interdictions de visites".
Des interdictions de visite jugées "arbitraires et illégales"
Pour le collectif Tenir ta main, qui milite pour le droit de visite et qui soutient la proposition de loi de Bruno Retailleau, la justice doit mettre un terme à ces écarts de gestion. "Vu la situation sanitaire, il est légitime qu'il y ait des restrictions mais il faut mettre fin à ce flou juridique qui permet aux établissements de fermer leurs portes aux proches de résidents et patients de façon arbitraire et illégale", réclame Laurent Frémont.
Le cofondateur du collectif s'appuie sur son vécu pour dénoncer cette situation. "Mon père a été hospitalisé en octobre dernier et a été maintenu dans une solitude totale y compris dans les deux dernières semaines qui ont précédé sa mort, le 9 novembre", rapporte-il.
S'il assure n'avoir reçu pour l'heure "aucune réponse de la part d'Olivier Véran", Laurent Frémont ne compte pas arrêter de se battre pour systématiser le droit de visite dans les établissements de santé. "La commission des affaires sociales du Sénat va nous auditionner début mai", se félicite-t-il. "Même si le combat est loin d'être gagné, nous sommes satisfaits d'en être arrivés là".
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